Le piano et le pinceau

piano_gfCatherine Arnaud est docte ur en arts plastiques de l’université de Paris Sorbonne, mais son art n’est pas que visuel. Elle évolue à cheval sur deux domaines, à la frontière de l’image et du son, y cherchant les connexions et les rapprochements possibles. Son activité est celle de la théoricienne de l’art elle donne de nombreuses conférences dans le cadre de sa recherche, mais également celle de la plasticienne. L’origine de son travail est à chercher dans la fructueuse collaboration qu’elle mène avec Jean-Yves Bosseur, compositeur et chercheur au CNRS. La recherche de la plasticienne a porté sur l’écriture musicale du musicien et sa transcription visuelle. Celui-ci a composé une pièce pour piano à quatre mains. La partition en a ensuite été traitée informatiquement, pour être, au final inscrite sur le rouleau de papier d’un piano mécanique, sous forme de perforations. Ce rouleau mesure 28 centimètres de large et 14 mètres de long ! L’interprétation du morceau est réalisée à l’aide d’un piano pneumatique. Très «mécanique», les seules variations possibles sont celles de la vitesse et de l’intensité.
Le travail de la plasticienne prend ensuite une autre direction, plus visuelle encore. Le rouleau est peint Des zones colorées délimitent de la musique. La peinture est réalisée par bombage, avec utilisation de grilles et de caches. Les formes y sont essentiellement géométriques. Dans un second temps,Catherine Arnaud a produit des supports peints : quatorze planches mesurant chacune 29 mètres de large et un mètre de haut,quatorze planche de la partition de départ .C’ est cet ensemble qui est présenté au Club de la Presse. Le support est en papier aquarelle et l’ artiste y a utilisé comme pour le rouleau entier le bombage mais aussi de la couleur acrylique, appliquée au pinceau.La création de chaque panneau est spontanée et sa réalisation est conduite par l’écoute de la partition. Les fonds sont réalisés d’une ou plusieurs couleurs, ainsi que les motifs et les dessins des perforations. L’ensemble fait penser à un travail de vitrail, composé d’éléments géométriques. Pas de figuration, ici le langage est celui de l’abstraction, et on comprend à quel point « le rythme s’exprime bien dans la forme géométrique ». L’artiste les appelle des «fragments sonores statique », « des événements sonores». Si la musique peut être qualifiée de dynamique, la peinture de par son immobilité, serait alors statique. Les références de Catherine Arnaud sont situées à divers pôles : Bauhaus, abstraction, néo-plasticisme. Elle cite Kandinsky, Klee, Klimt pour sa représentation de la «frise Beethoven», Schoenberg, musicien et peintre, ou encore John Cage et ses «pianos préparés». On a pu apprécier son travail et entendre la partition en mai 1998 à l’Aubette. avec Joe Krencker à la contrebasse, lors du festival Ima-Jazz. La production actuelle a été présentée pour la première fois à Colmar en octobre 2000. Un enregistrement filmé Roll Over Performance» y a été réalisé, par la télévision locale de Biesheim. Cet enregistrement était visible durant la durée de l’ exposition

Catherine Arnaud a des projets avec d’autres musiciens, notamment Detlef Kieffer. chef d’orchestre du Conservatoire de musique de Strasbourg, ou encore Thomas Bloch. musicien et compositeur utilisant le glass harmonica ( instruments en verre).

Visiblement la recherche sur les relations entre le visible et le sonore n’est pas terminée, et il reste là de nombreuses partitions à explorer.

Michel Haber, journaliste à hebdoscope, 14 avril 2001